Alors que d’aucuns considèrent que la démocratie est par essence libérale, cette conférence veut pointer les tensions qui existent entre la démocratie et le libéralisme, tensions qui atteignent aujourd’hui leur paroxysme dans les démocraties dites illibérales. Le point crucial concerne le statut des droits fondamentaux. Préexistent-ils à la volonté démocratique du peuple ou n’existent-ils que par cette volonté ? S’ils lui préexistent, à qui incombe-t-il de les découvrir ? Et si la volonté du peuple les créé, à qui revient le droit de décider qui appartient au peuple ? Le droit fondamental d’appartenir au peuple est-il un droit fondamental créé par le peuple ou qui préexiste à la volonté populaire ? Un parcours à travers la philosophie politique, le droit et l’histoire tentera de cerner les enjeux liés à ces questions et aboutira à la conclusion qu’une cohabitation plus ou moins paisible – mais qui ne sera jamais parfaitement harmonieuse – entre la démocratie et le libéralisme n’est possible que si la première fait preuve de tolérance et le second de modération. La majorité doit accepter des choses qui ne lui plaisent pas et les minorités doivent accepter que tout désir ne fonde pas encore nécessairement un droit-créance.

Norbert Campagna est docteur en philosophie habilité à diriger des recherches. Il est professeur-associé à l’Université du Luxembourg et professeur au Lycée de Garçons Esch. Spécialiste de philosophie politique, de philosophie du droit et d’éthique appliquée, Norbert Campagna est l’auteur ou (co)éditeur de 38 livres – le 39e étant en cours de publication. Il est co-directeur de la collection Staatsverständnisse aux éditions Nomos de Baden Baden. Il s’est vu décerner un Trophée de l’Ethique de la Fondation Ostad Elahi, en collaboration e.a. avec le Ministère français de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche, pour ses travaux de recherche en éthique de la sexualité et vient de recevoir le Mérite culturel de la commune de Pétange.